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Vadrouilles Ateliers d'Ecriture

posté le 01-02-2009 à 12:53:58

QUOI DE NEUF - art postal : toutes les cartes ont été exposées à la Médiathèque de Moulins du 1er au 30 juin 2009

 

Renseignements exposition :

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1. FannyH  le 01-02-2009 à 21:18:58

Oui, les miennes partent demain au courrier...

2. FannyH  le 01-02-2009 à 21:19:04

Oui, les miennes partent demain au courrier...

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posté le 01-02-2009 à 12:07:38

RUMEUR

Texte de Brigitte ADGNOT (animatrice d'ateliers d'écritures à Vadrouilles)

2ème Prix du Concours de Nouvelles D'Escale des Lettres en décembre 2008. 

 

 

 

 

 

 

Rumeur


 

 

 

 

Elle, face à toi, le suppliant. Tu n’entends pas ce qu’elle dit. Tu n’entends que sa voix pressée qui parle bas dans ton portable. Elle se détourne de toi pour regarder par la fenêtre. Tu n’es plus là pour elle, elle t’a effacée, tu ne sais pas où poser les yeux. Le temps passe. Et si l’on frappait à la porte ? Si quelqu’un entrait ? Tu n’oses pas regarder son reflet dans la vitre. Ton regard erre - tes pieds, le mur, ses omoplates, un rectangle de ciel bleu qui troue l’écran noir du poste de télévision, son dos, tes pieds, la télé, le ciel par la fenêtre dans la télé. Tu n’as pas l’heure, mais ça fait bien dix minutes maintenant. Elle dépasse les bornes, c’est toi qui paies, on peut entrer. Alors tu la regardes, elle. Tu fais peser ton regard sur elle. Tu fixes sa nuque, ses épaules. Elle parle beaucoup, rapidement, à voix étouffée. De temps en temps, elle implore. Cela a assez duré, elle t’avait dit un appel, trois minutes même pas. Tu bouges, te racles un peu la gorge. Elle comprend, se retourne vers toi, dit à ton attention encore une minute, j’ai presque fini. Elle tient ton portable à deux mains comme d’autres une photo, une lettre, un bout de tissu porté. Tu attends une minute et tu l’appelles en t’avançant vers elle. A regret, elle prend congé de son correspondant et te rend ton portable, à peine reconnaissante. Tu n’en peux plus d’être là. Tu ne demandes surtout pas si ça va. Tu réponds de rien à son merci et tu t’en vas.



Plus tard, tu la croises dans le hall. Tu sens qu’elle cherche ton regard, tu le fuis. C’est au-dessus de tes forces. Tu la sais seule, les autres ne lui parlent pas, mais tu te détournes quand même ; tu ne peux pas. Tu entres dans la salle à manger, en essayant de chasser de ta tête son image, celle du premier jour. Tu essaies, mais tu la revois. Et tu renoues avec l’effroi.

 

 

 

Dans le hall de son premier jour à elle. Tu ne les vois plus, tous ces gens assis, immobiles, qui se taisent et ne se voient pas. Ils ne lisent pas. Ils sont là, posés assis, à droite de la porte d’entrée qu’ils ne regardent pas. Ils sont à peine là – il faut bien être quelque part. C’est elles que tu remarques, qui font cercle debout, replètes, bruyantes et désolées. Comment peut-on être bruyante et désolée, tu aimerais bien comprendre. Elles sont plusieurs, jeunes, entre deux âges. Et puis tu la vois, elle. Les autres la cachaient. Tu prends son regard en pleine face. Tu baisses aussitôt les yeux et tu vois sa valise écossaise efflanquée à ses pieds. Tu es bouleversée. Tu n’oses pas la regarder et tu la regardes quand même. Dans son regard à elle, tu assistes à un combat à mort. La vie a déserté son corps, elle a trouvé refuge dans ses yeux. Son regard brûle. Elle n’a pas d’âge. Tu sais que tu lui manques de respect, mais tu ne peux pas détacher les yeux de son visage. Tu essaies de lui sourire, tu voudrais te racheter. Tu t’enfuis.




Ce jour-là, tu avais été réveillée par quelques mots jetés dans ta chambre par une femme au col bleu entrée sans frapper. Cestjeudipesée. Quoi ? Cestjeudipesée. Elle était déjà à côté de toi et déposait une balance chromée massive sur le lino blanc. Tu comprends : il faut te peser, c’est jeudi. Alors les draps repoussés aussi vivement que possible, tu te mets debout. La tête te tourne - trop vite levée ; les cachets, aussi. 50 kg dit la balance. 50, c’est trop peu. Et toi qui pensais t’être retapée. Il faut vraiment que tu manges.








Le lendemain, à la distribution de cachets du matin, tu lui dis bonjour en la regardant mais pas trop longtemps. Elle te répond. Plus tard, ce jour-là ou un autre, tu ne sais plus, il faudrait écrire pour décoller les heures des heures et les jours des jours ici, plus tard, vous vous croisez au petit salon de l’étage. Vous vous souriez un peu. Ni elle ni toi n’avez pris place dans les fauteuils tournés vers la télé. Tu n’aimes pas la télé. Vous êtes debout toutes les deux, toutes les deux en appui sur le rebord d’une fenêtre, indécises. Dehors, c’est le néant ; le brouillard a avalé le paysage. Et puis tu décides qu’il n’y a vraiment rien à faire là. Un vague sourire vers elle et tu t’en vas. Tu retournes dans ta chambre. Tu vas lire. Tu veux comprendre. Alors tu lis.





Un jour, vous vous échangez vos prénoms. Elle te glisse d’une voix rapide je ne veux pas rester là, je dois sortir. Tu crois qu’ils vont me laisser sortir ? Ils n’ont pas le droit de me garder. Toi qui es là de ton plein gré, parce que la vie dehors te pousse à renoncer, tu ne l’approuves pas, mais tu te tais. Et c’est là qu’elle te demande ton portable.


Ça se fait pas, de porter son squelette comme ça à la vue de tout le monde. Non, ça se fait pas.

 

 

 

 

 

Elle te l’a redemandé. Forcément. Elle sait pourtant qu’elle n’a pas le droit de téléphoner. Qu’elle doit couper tout contact. C’est elle qui te l’a dit. Alors tu le lui as refusé. Tu lui as répété tu ne peux pas, tu n’as pas le droit, tu le sais. Tu l’as dit gentiment en la regardant, tu peux supporter son visage maintenant, et la vue de ses os, de sa peau sans âge. Ton corps à toi et l’ombre de son corps à elle se parlent de près, sa voix est toujours basse et pressée. Tu lui refuses ton portable, elle ne pourra pas tenter de convaincre un frère, un père, un tiers de venir la chercher. Tu l’exaspères, elle se tait.





Un jour, c’est presque Noël. La salle à manger s’est vidée. Ceux de ta table sont rentrés chez eux. En permission, disent-ils. Toi, tu restes. Elle aussi est là. C’est la première fois que tu la vois dans la salle à manger principale. Une femme au col bleu te demande de t’occuper d’elle. Tu acceptes. Vous êtes deux à une table de huit. Vos chaises regardent les baies vitrées. Derrière, c’est la nuit. Tu dois trouver des mots pour la convaincre d’avaler une bouchée. Elle a besoin de paroles pour se nourrir. Tu es maladroite, ce n’est pas facile. Dans un soupir, elle finit par consentir. Sa résignation te déchire. Elle mange pour te faire plaisir. Ou pour que tu te taises.







Noël est passé. Les permissionnaires sont rentrés. Tout rentre à peu près dans l’ordre. La balance du jeudi marque un léger progrès pour toi ; pas pour elle, et elle retourne à la salle à manger de l’étage. A ta table, une nouvelle. Elle embrasse tes deux voisins de droite et ta voisine de gauche. Ils s’appellent par leurs prénoms. Ils sont contents de se retrouver. C’est des habitués. Des habitués. En toi c’est la révolte. Celle de ton premier jour, dans le hall- non, pas toi, pas là, pas avec eux, pas comme eux. Celle du premier jour, en pire. Non, toi, jamais tu reviendras ici. Jamais. Oh faites quelqu’un que jamais tu reviennes ici.




Ce jour-là, c’est le vent dans les volets, hargneux, qui te réveille. Tu vas bientôt sortir, c’était convenu comme ça. Tu vas repartir avec, allez, 800 grammes en plus et tout un paquet de livres que tu n’as pas eu le temps de lire. Tu vas partir et tu en laisses derrière toi à qui l’on dit un jour vous sortez la semaine prochaine, alors qu’il était convenu qu’ils restent jusqu’en mars ; et deux jours après, on leur dit, non non, vous restez finalement. Au moins encore un mois. Et d’autres qu’on renvoie chez eux et qui font une tête d’enterrement. Et d’autres à qui l’on ne dit rien. Et elle, qui veut sortir à tout prix. Qui tient debout tu te demandes comment, et pour combien de temps encore. Tu les laisses derrière toi ; tu n’es pas encore partie que déjà tu t’éloignes.






Tu as commencé à rassembler tes affaires. De la chambre d’à côté te parviennent les dialogues étouffés d’une série télé. Tu as fermé les volets, dehors c’est nuit noire et décembre. Fragile bonheur, c’est Fi qui vient te chercher demain. Tu as étalé sur ton lit tout ce qui doit rentrer dans ton grand sac de voyage. Tout ça, plus les objets admis le jour, interdits la nuit - parfum, collants, écharpe. Tu es là, à te demander comment tout faire rentrer dans le sac quand tu entends une rumeur dans le couloir. Des hommes, des femmes. Quelque chose te pousse à sortir. Quelque chose de mauvais dans les voix. Tu sors et tu vois un petit groupe en demi-cercle devant la première chambre du couloir. Tu t’avances, t’excuses, demandes. On te dit c’est la voleuse. Quoi, quelle voleuse ? Vous savez, elle… Non, tu ne sais pas. Tu ne vois pas. Tu t’avances encore, et alors tu la vois, elle. Elle est immobile, au milieu de la chambre. L’occupant triomphe de rage. Il l’a prise la main dans le sac. Oui, il était sorti cinq minutes, et quand il est rentré, il l’a trouvée là, avec des chocolats dans les mains. Voleuse, sale voleuse. Elle ne nie pas, n’avoue pas, ne dit rien. Voleuse, voleuse. Vous voyez ça ? Dans ma chambre. La main dans le sac. Oui, on ne se méfie pas assez Je vous l’avais bien dit Que voulez-vous on ne Voleuse, voleuse. Une blouse blanche à col bleu finit par arriver. Tu la regardes, elle. Tu es désolée. Ton silence tranche sur les voix derrière toi. Tu t’attends au pire, mais il ne vient pas. Tu laisses la blouse à son travail et tu retournes dans ta chambre.




A la distribution de cachets du soir, tu la retrouves. Ils font bloc à distance autour d’elle. Elle est divinement seule. Tu t’approches d’elle. Elle a pas fait ça, hein, voler des chocolats ? Si. Mais elle est folle ! Pourquoi ? Pourquoi ? Elle est déjà si seule ! A toi, elle veut bien expliquer. Ils ne veulent pas la laisser sortir. C’est une clinique privée, avec une réputation à tenir ; ils ne peuvent pas se permettre de laisser courir le bruit qu’ils accueillent des voleurs. Des voleurs, Habiba ? Oui, des voleurs. Alors ils vont la virer, pour l’exemple, et pour que ça se sache.




Le lendemain matin, tu quittes la clinique sans l’avoir revue. Tu sais bien qu’ils ne la vireront pas. Tu le sais. Et tu pars avec comme une lourdeur au ventre.













Brigitte Adgnot,

novembre 2008.

 

 

 

 

 

 

 


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1. asdads  le 15-06-2012 à 09:41:55

Estas Gafas De Sol Hombre Carrer. Gafas Sol Baratas Daytona las tienen en Gafasnet y a un precio increíble; solo 87.36 euros IVA incluido y las tienes en tus manos en no más de siete días Gafas De Sol Baratas laborables desde que se recibe tu orden de pedido, con total seguridad en tu compra online y con garantía total de dos a?osLa nueva colección de gafas de sol y de vista está dise?ada para todos los jóvenes dinámicos, determinados y dispuestos a cumplir cada uno de sus sue?os, a ir más allá de sus propios retos, es "AFTER ALL, NO REGRETS".

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posté le 01-02-2009 à 11:59:42

Les gagnantes de l'association Vadrouilles en 2008

 

Concours de nouvelles Escales des Lettres en 2008 :

 

second prix : Brigitte ADGNOT

 

 

 

Concours de nouvelles à Filigrane en 2008 :

 

la lauréate : Fanny HALLET

le quatrième prix : Françoise COOPMAN

le cinquième prix : Carlole FIVES

 

TOUTES LES TROIS ADHERENTES DE VADROUILLES!

 

BRAVO!!! 

 

vous pouvez découvrir les nouvelles dans la rubrique textes

 


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posté le 01-02-2009 à 11:47:09

La lauréate, fidèle adhérente de Vadrouilles.

 


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posté le 09-01-2009 à 08:18:06

QUOI DE NEUF?

   

      ART POSTAL EN 2009

 

 


 

 

 

 

 


Commentaires

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1. jmdamien  le 09-01-2009 à 08:59:47  (site)

Bonjour, qu'est-ce-que les cartes vadrouilles ?

2. Fanny Hallet  le 09-01-2009 à 10:13:52

Quel beau site...cela donne envie ! J'attends l'agenda des prochains ateliers et nous souhaite plein d'écriture en 2009

3. albertovaranda  le 09-01-2009 à 13:51:06  (site)

Bienvenue !
bele présentation !

4. cavenre-aux-gifs02  le 10-01-2009 à 20:51:35  (site)

Je vous souhaite la bienvenue sur vefblog amitié jerome

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